La musique recommandée pour cette section Cocteau Twins
Voici un exemple complet de manipulation d’image satellite basée sur une image radar qui exprime la hauteur de chaque point d’une île, le Sri Lanka.
Sur cette image, les dimensions spatiales et temporelles son représentées sur une échelle logarithmique: à des phénomènes locaux correspondent en principe des événements à durée courte ou a récurrence fréquente, alors qu’à des événements planétaires devraient correspondre des événements rares de longue durée. Le changement climatique ne correspond toutefois pas à cette classification, ou alors il est simplement perçu à une échelle globale alors qu’il s’agirait de rééquilibrages brutaux mais locaux. Ceci est un autre débat, retenons l’idée de travailler sur des ordres de grandeurs, donc une échelle logarithmique, plutôt que sur des valeurs absolues pour analyser des phénomèmes naturels.
Il est simplement fascinant de reproduire les principaux éléments d’une carte géomorphologique uniquement avec des altitudes triés selon un algorithme. Le monde semble bien mesurable et fractal…
Ce premier cliché attribue une couleur à chaque classe d'altitude.
Cette autre image montre la pente du même endroit, avec les plats figurés en blanc, les pentes faibles en vert puis jaune et les fortes pentes en rouge.
La superposition de la carte des pentes en transparence de 50% sur la carte des altitudes crée une carte des risques de glissement de terrain. Outre le traitement des données, il a fallu choisir la combinaison des couleurs, l’azimut et l’élévation de l’éclairage puis la transparence relative du MNT, des pentes et de l’exposition, un travail de composition très semblable à celle de la création d’une photo de studio au fond. Ce qui fait la spécificité du studio, c’est la possibilité d’avoir un contrôle complet sur la lumière. Voyons ce que cela donne pour les images satellite.
L’angle d’incidence de la lumière, son spectre électro-magnétique et son interaction avec la matière sont des paramètres essentiels à considérer en télédétection. Peut-on en tirer des leçons qui seraient utiles au photographe?
L’application d’un ton pastel sous les dunes permet de séparer des zones sédimentaires différentes. La pente reçoit un éclairage et l’altitude une couleur différente selon sa valeur absolue . Il est possible de créer des ombrages sur n’importe quelle image, puisqu’il y a toujours un gradient entre les pixels qui peut servir à définir une pente plus ou moins ombragée.
Partons de l’image de tout à l’heure, elle est d’abord transformée en image noir et blanc puis la pente relative entre les pixels est calculée, ce qui permet de mettre un ombrage qui vient ici de 315°.
Le modèle numérique de terrain tout nu
Le modèle numérique de terrain éclairé depuis le Nord-Ouest
Le modèle numérique de terrain éclairé depuis le NO selon l'altitude, selon le NNO selon la pente et selon l'ONO selon son exposition au sud. Il y a plus de détails sur la troisième image car la variation de l'angle d'illumination permet de mettre en évidence ce qui fait face à la lumière principale.
Les couleurs basées sur les seuils de tout à l’heure sont trop vives, cette version propose une saturation moins forte- L'éclairage princiapl est à 45° de hauteur et avec un azimuth de 315° et il a une transparence de 40%. L’ombrage de la pente est ajouté, avec une hauteur de 50 degrés et un azimuth de 330 degrés, donnant du relief aux versants exposés plus au moins vers 315°. Enfin, du jaune est ajouté avec 90% de transparence depuis 300° avec un azimuth de 50° selon l'exposition au sud.
Les roches figurées en rose sont évidemment moins résistantes à l’érosion que les roches figurées en brun ou surtout en vert qui correspondent aux sommets. Mais ceci (les modèles 3D) nous entraînerait trop loin des aspects purement photographiques pour basculer dans la géomorphologie …
Mesurer la Terre permet de la représenter avec une image facilement perceptible si le traitement est fait pour mettre en évidence le contenu des pixels. Contrairement à la photographie, ici le message reste à découvrir et n’a pas été saisis au moins en partie consciemment par le photographe au moment où il déclenchait son appareil.
Avec au moins 200 jours de vent par an, le Borkou n’offre plus que des formes fuselées au polissage du vent et ressemble à un 33 tours vu du ciel, Au niveau du sol, il est difficile d'y voir l’organisation globale du paysage. Par contre, la poussière s’incruste partout et ici, une caméra ne dure que le temps d’une mission…
Cette image pourrait maintenant être reprise comme base pour une création originale, en y ajoutant des couleurs sans signification physique mais avec un fort potentiel esthétique.