Musique recommandée pour la lecture Trespasser William Cast
Ainsi, la mer se jette sur la terre sous forme de pluie. s'éclabousse en tombant, coule en surface, rejoint le ru, le ruisseau, s'évapore, retombe sous forme de rosée, devient rivière puis fleuve et retrouve la mer avant de revenir sous forme de pluie ou de brume. Mais ici nous allons nous intéresser à ce qui se passe sur la terre qui reçoit la pluie.
Que se produit-il exactement lorsque de l'eau tombe sur une roche qui n'était pas soumise à la pluie jusque là? Des observations sur la roche récemment libérée par un glacier permettent de répondre: assez rapidement vont s'installer des mousses et des lichens, des organismes végétaux très proches des formes de vie continentale les plus archaïques. Elles vont secréter des acides humiques, attaquer la surface des roches, enfoncer les racines et commencer des échanges extêmement lents mais constants visant à extraire l'un après l'autre les atomes de sodium, puis de calcium, puis tous les autres selon une séquence qui dépend surtout du climat et de la composition minéralogique de la roche en train de s'altérer sur place. Ce qui est dissous et emporté par l'eau et finira la plupart du temps par se retrouver dans la mer, ou dans un lac que l'eau doit traverser lors de sa course vers l'océan. Sur place s'accumule de la matière organique, puis des résidus de roches partiellement puis totalement altéré et peu à peu naît un organe vivant, le sol.
Que se produit-il exactement lorsque de l'eau tombe sur une roche qui n'était pas soumise à la pluie jusque là? Des observations sur la roche récemment libérée par un glacier permettent de répondre: assez rapidement vont s'installer des mousses et des lichens, des organismes végétaux très proches des formes de vie continentale les plus archaïques. Elles vont secréter des acides humiques, attaquer la surface des roches, enfoncer les racines et commencer des échanges extêmement lents mais constants visant à extraire l'un après l'autre les atomes de sodium, puis de calcium, puis tous les autres selon une séquence qui dépend surtout du climat et de la composition minéralogique de la roche en train de s'altérer sur place. Ce qui est dissous et emporté par l'eau et finira la plupart du temps par se retrouver dans la mer, ou dans un lac que l'eau doit traverser lors de sa course vers l'océan. Sur place s'accumule de la matière organique, puis des résidus de roches partiellement puis totalement altéré et peu à peu naît un organe vivant, le sol.
Voici une terre déséchée qui espère un peu de pluie pour s'humecter. Entre les craquelure du sol circule un air sec. Lorsque la pluie se mettra à tomber, l'eau qui cherche à s'enfoncer sous terre devra le laisser passer, ce qui retardera son infiltration. Mais elle finira par descendre le long des grandes fentes verticales, l'argile se gonflera, le sol se soulévera d'humidité... Or l'eau, avec ses 2 atomes d'hydrogène entourant un atome d'oxygène, est le solvant le plus efficace sur terre, avec ses charges relatives qui lui permettent d'accrocher ions positifs et négatifs.
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Rapidement donc, l'eau va hydrater des argiles, détacher un atome ici et là, l'emporter en profondeur, parfois le remonter par capillarité. Après quelques milliers de pluies et de mouvement descendants et ascensionnels, la composition chimique du sol aura lentement changé, avec la disparition toujours plus marquée de certains éléments chimiques et partant un enrichissement relatif des autres composés.
Malheureusement, nous avons trop souvent en tête un schéma similaire à celui de gauche qui montre comment l'eau est censé éroder une fente intiale, puis peu à peu une série d'incisions qui érodent une couche à peu prés uniforme jusqu'à ce que le niveau de base remonte ou s'abaisse, enclanchant un nouveau cycle d'érosion. Une section sur la géographie d'Emmanuel de Martonne est consacrée à cette vision. J'aimerais lui opposer ici l'image de droite, qui montre comment un sol se développe dans un environnement finalement assez adverse, quelques mêtres peu perméables de mélanges de sédiments de toutes tailles, dans un climat froid la moitié de l'année et relativement sec l'autre moitié. Pourtant une forêt s'y développe (Même si l'arbre du dessin est ridiculement hors de proportion...) ainsi qu'un sol avec divers niveaux. Au sommet une couche d'humus plutôt acide, le mor, puis un horizon lessivée surmontant un niveau cendreux dans lequel s'accumule une partie des élements lessivés. Enfin une zone de transition vers des sédiments frais, c'est-à-dire qui n'ont subi aucune altération par des organsimes vivants, ce que l'on appelle la phase minérale.
Dans une colonne un tant soit peu réaliste figure un peu de végétation au dessus du sol, qui est pourtant systématiquement absente de toutes les figures de Davis et des ses adeptes qui considèrent le monde géologique comme un désert biologique uniquement régi par des lois physiques. Quel dommage de rater l'occasion de s'intéresser à l'organe vivant le plus important de la Terre, le sol ou encore la terre à laquelle nous retournerons tous...
Dans une colonne un tant soit peu réaliste figure un peu de végétation au dessus du sol, qui est pourtant systématiquement absente de toutes les figures de Davis et des ses adeptes qui considèrent le monde géologique comme un désert biologique uniquement régi par des lois physiques. Quel dommage de rater l'occasion de s'intéresser à l'organe vivant le plus important de la Terre, le sol ou encore la terre à laquelle nous retournerons tous...
Dans un sol cohabitent des espaces clos et des espaces ouverts, de l'eau souvent sous forme capillaire, des gaz tels que le CO2 ou l'oxygène, des argiles, du limon, du sable, des champignons microscopiques, des algues, des bactéries, des micororganismes variés, des plantes avec leurs racines, leurs radicelles et toute la faune et la flore qui les entoure, des graines, des spores, des insectes, des vers de terre. Et toute cette vie modifie continuellement la trame minérale sur laquelle elle se développe. Bien loin d'être un simple désert minéral, un sol est un environnement à la biodiversité incroyable, capable de séparer à l'atome près ses différents composantes pour garder les résidus insolubles et exporter tout ce qui passe dans la phase liquide en mouvement permanent dans le sol.
Pour comprendre l'altération que subit la roche pour devenir sol, il faut considérer un profil pédologique complet. Le niveau I est constitué de roche fraiche alors que le niveau II correspond à un niveau dans lequel certaines fratures peuvent s'exprimer par détente, le sol couvrant la roche ayant une pression bien moindre que celle qui régnait lorsque la roche a critisllisée ou s'est métamorphosée. La description des niveaux III à VI figure directement sur la coupe: peu à peu la roche originelle est remplacée par une texture et une composition chimique de plus en plus différente. Les niveauy V saprolitiques et VI enrichi en matière organique sont argileux et ne permettent qu'une circulation très limitée de l'eau entre leurs pores. Le niveau VI est partie intégrante de la biosphère et probablement l'organe écologique le plus important de la...Terre
Cette figure fondamentale indique la profondeur d'altération en fonction des précipitations (mouvement descendant) et l'évaporation (mouvement ascendant) ainsi que la température. Alors qu'aux latitudes moyennes le sol sera principalement composé d'argiles, sous les tropiques il verra se concentrer argiles et surtout des oxydes et hydroxydes de fer et d'aluminium. Puisque que "l'eau, c'est la vie", il faut admettre que c'est la pluie qui détermine le plus le développement du sol, un organe discontinu à la base de toute activité biologique.
Une autre représentation de la même séquence des déserts tropicaux aux profils complets à l'équateur, cette fois ci en Afrique. Au fur et à mesure qu'augmente la pluviomètrie annuelle s'approfondit le sol. A condition qu'il y ait une forêt ou une végétation qui produise matière organique et acidité pour favoriser l'altération toujours plus profonde. Mais sur cette figure manque aussi une végétation, l'exubérance biologique se marie décidément bein mal avec l'austérité constante que nous oppose nos écrans trop carrés.
Comme le proposait déjà Tricart et Cailleux au milieu des années 1960, il faut considérer des unitée morphoclimatiques qui correspondent au final aux grands biomes sur la terre. Nous voilà au coeur de la biogéographie, la répartition spatiale des grands biomes, qui poussent sur certains sols qu'ils contribuent à créer par une altération toujours plus poussée des roches-mères sur lesquels ils reposent.
Aujourd'hui existent plusieurs sites qui permettent de télécharger les données nécessaires pour produire une carte comme ci-dessus, mais également de suivre quasi instantanément leur évolution. Des images Sentinel avec une résolution de 10 mètres par pixel permettent par exemple d'oberver l'état de la végétation tous les 6 jours sur la plus grande partie de la Terre !
Ces grands biomes peuvent évidemment être découpés en ensembles plus petits et leur intégrité biologique mesurée par la biodiversité qu'ils possèdent. Mais le sol que nous foulons trop souvent inconsciemment, la terre sacrée des Amérindiens, attend toujours de prendre toute la place qu'il devrait occuper dans l'esprit de ceux qui veulenent gérer notre habitat et ses ressources. |
Pour partir à la découverte de la bio-rhexistasie, Il faut encore exposer la colonisation de la Terre par la végétation