La musique recommandée pour cette section Tami Neilson
Appliquons cette belle belle approche à un problème complètement déterminé par les questions d'occupation du territoire par le seule population, celle de la mobilisation de l'électorat lors du renouvellement du parlement national en Suisse.
Un parti identaire et xénophobe, l'Union Démocratique du Centre UDC, a lancé sa campagne électorale 2023 en promettant de s'attaquer aux villes gauchistes qui forceraient les habitants du monde rural à adopter des comportements inadaptés. Cette stratégie est évidemment perdante à long terme, le mouvement d'urbanisation est devenu une nécessité écologique puisque seule une habitation dense permettra de répondre aux besoins élémentaires tout en gérant de façon efficace une énergie et des ressources demandant un taux de recyclage ou de durabilité toujours plus important.
L'image ci-dessus est une représentation de l'épouvantail idéologique brandi par l'UDC à tous moments, celle d'un pays dans lequel des masses urbaines incontrôlées forceraient les derniers travailleurs de la Terre à se globaliser et ainsi perdre leur âme et leur identité. L'étranger est assimilé à une mégapole tentant d'imposer une culture urbaine à tous, d'où la prédominance du jaune sur cette image.
L'image ci-dessus est une représentation de l'épouvantail idéologique brandi par l'UDC à tous moments, celle d'un pays dans lequel des masses urbaines incontrôlées forceraient les derniers travailleurs de la Terre à se globaliser et ainsi perdre leur âme et leur identité. L'étranger est assimilé à une mégapole tentant d'imposer une culture urbaine à tous, d'où la prédominance du jaune sur cette image.
A l'autre bout de l'échiquier politique, le parti écologique suisse prône une ré-intégration dans un monde naturel dont le fonctionnement serait déréglé par les effets négatifs du développement actuel. Il faudrait urgemment prendre soin des glaciers, des montages, des eaux, de l'agriculture, mais aussi des ressources et de l'énergie dont ont cruellement besoin les villes. L'image ci-dessus illustre la conception spatiale de l'idéologie verte, qui règne sur les réseaux jaunes, avec les zones écologiquement les plus importantes (en bleu foncé) contrôlées par des ruraux qui doivent encore évoluer pour comprendre la subtilité de l'écosystème mondial.
Au mieux, les villes seraient les éléments d'un réseau de pouvoir qui devrait s'étendre dans les années à venir. Mais c'est peut-être un paradoxe trop important même pour des écologistes politiques de parier sur l'urbanisation galopante pour enfin pouvoir s'occuper d'environnement!
Au mieux, les villes seraient les éléments d'un réseau de pouvoir qui devrait s'étendre dans les années à venir. Mais c'est peut-être un paradoxe trop important même pour des écologistes politiques de parier sur l'urbanisation galopante pour enfin pouvoir s'occuper d'environnement!
Des (anti)cartogrammes
et de la meilleure façon d'organiser une campagne électorale
Plus grand canton de Suisse qui compte près d'un habitant sur sept en Suisse, Zurich a pour capitale la seule métropole de Suisse, ce que le cartogramme de population illustre parfaitement. La ville au nord-ouest, Winterthur, est un centre secondaire important au niveau suisse car il est un laboratoire où de nombreuses innovations urbaines sont testées. Comment nos deux partis se partagent-ils ce canton, d'où l'UDC est parti à la conquête de la Suisse il y a plus de 30 ans ? Le parti écologique quant à lui a une très forte bases urbaine, mais a une rude concurrence à Zürich par un autre parti écologique mais nettement plus orienté à droite, les Verts libéraux.
Sur ces cartes sont reportés le nombre moyen de voix qu'a obtenu chaque parti par votant (le système suisse a ceci de particulier que les résidents de grands cantons ont beaucoup plus de voix que ceux de petits cantons, 35 dans le cas de Z!urich, comparé à 1 pour les plus petits cantons). Ici, il s'agit d'avoir la plus grande proportion possible de la délégation cantonale. Le parti écologique domine nettement dans les 2 centres urbains, mais la large couverture géographique et l'intense mobilisation de l'UDC lui permettent de rafler une grosse part du gateau électoral à Zürich grâce à son Hinterland rural.
Le canton de Berne est un très grand canton avec un large territoire appartenant au domaine alpin, dans lequel se trouvent de très nombreuses petits municipalités. Ici aussi le différentiel ville-campagne explique largement les votes, avec le parti écologique réussissant des scores excellents dans les villes (Berne est la ville avec le parlement municipal le plus à gauche de toute la Suisse), alors que l'UDC fait le plein de voix dans les communes montagnardes. Le parti vert fait aussi de meilleurs résultats dans la partie francophone du canton de Berne, les Romands étant traditionnellement plus engagés sur les questions sociales et environnementales - et ne se reconnaissant que difficilement dans un parti identitaire qui représente une majorité parlant une autre langue. Comment augmenter le vote écologique dans de telles circonstances? L'anticartogramme nous propose-t-il une solution toute faite ?
Pour gagner des élections, un parti doit conquérir le coeur de nouveaux électeurs et oser sortir de ses territoires assurés. Pour cela, l'anticartogramme permet de repérer immédiatement quelques zones à démarcher en priorité, celles en bleu foncé sur lesquelles il est facile de lire le nom des villages en jaune, puisqu'il s'agit de zones naturelles et peu peuplées de gens méfiants par rapport à l'écologie! Des zones qui correspondent donc autant à un emjeu politique pour le parti écologiste qu'à un important potentiel écologique, que demander de mieux? Il suffit maintenant d'y proposer des projets attractifs, pour cela il est grand temps que les écologistes sortent des villes et identifient puis défendent des projets qui parlent aux habitants de zones rurales qui existent au-delà de l'imaginaire urbain. Comprendre les flux nécessaires entre villes et périphérie, tout un défi qui se relève mieux avec les bons outils.
Mais la politique suisse ne se limite pas à deux partis s'opposant sur presque tout, il y a une pléthore d'autres partis qui ont tous une large représentations dans certains coins du pays. Nous allons maintenant passer en revue leur implantation électorale.
Mais la politique suisse ne se limite pas à deux partis s'opposant sur presque tout, il y a une pléthore d'autres partis qui ont tous une large représentations dans certains coins du pays. Nous allons maintenant passer en revue leur implantation électorale.
Le cartogramme de la population nous est-il utile pour comprendre l'électorat?
Colorier le cartogramme de la population selon les votes permet une première analyse, avec l'exemple du vote UDC ci-dessous.
Colorier l'anticartogramme de la population selon les votes donne une autre image, avec des différences plus marquées.
L'exemple du parti du Centre permet d'expliquer une partie de l'implantation électorale.
Mais plutôt que de partir du cartogramme de la population, partons cette fois-ci de celui des voix de chaque parti lors des élections 2019.
Chaque cartogramme est maintenant spécifique et représente la mobilisation par canton de chaque parti. La répartition particulière du Parti du Travail (héritier du parti communiste) illustre une implantation très localisée.
L'anticartogramme du vote de chaque parti est nettement plus intéressant! ici apparaissenent de nouvelles structures spatiales inattendues...
Une analyse plus détaillée montre toute la puissance de cette approche.