Parfois, la perspective s’emballe, et il devient difficile de savoir ce qui est en haut et ce qui penche du bon côté.
Ici, le scan de l’œil au premier plan se retrouve directement au deuxième plan, mais le point de vue de cette femme retournant en Sécuristan n’est pas forcément le même que celui de celle qui contrôle l’écran...
Ce cliché d’un immense écran de projection montrant une ministre de l’environnement en train de promettre la lune (verte) voudrait illustrer la déformation provoquée par une communication manipulative. Mais retournons à nos pixels..
En 1917, D’Arcy Thompson publiait un ouvrage dans lequel il démontre les relations entre forme et croissance. Dans un chapitre assez connu, il démontre qu’en changeant le système d’abscisse et d’ordonnée, on peut facilement passer d’une espèce à une autre. Les espèces appartenant à une même famille auraient des formes qui sont des variations locales d’une même forme primitive. Cette remarque vaut évidemment aussi pour beaucopup d'objets géographiques. Pouvez-vous deviner sur la figure suivante une forme primordiale de laquelle sont issues toutes les autres?
A gauche se trouve une série de coquillages, variation locale d’une même forme primordiale, avec ici des excroissances et là des côtes. D’Arcy Thompson démontre alors comment passer mathématiquement de l’une à l’autre. A droite, le crabe en a) se transforme en crabe b) si on comprime son système de coordonnées, mais en crabe c) si lui fait subir une rotation angulaire, etc.
Il en est de même avec ces poissons – celui d’en haut à gauche devient une autre espèce lorsqu’il est déformé, et se métamorphose en 3 espèces différentes. Admirons la plasticité de la vie, et l’absence de frontières fixes entre espèces… La même chose s’applique pour cette crevette. Pourquoi cette digression?
Voici un cartogramme, une représentation du monde qui permet une déformation de l'espace en fonction de la valeur de chaque pays, en l'occurence l'importance de l’aide humanitaire fournie au milieu de la décennie passée. Les arcs formant les limites entre les pays ont bougé relativement et absolument. Un pixel peut être ignoré, combiné avec celui d’une autre image à la même définition, sa valeur augmentée arbitrairement, l'intégrité de l'image est conservée. Par contre, déplacer un pixel sur une image, c’est la modifier dans son essence même, ce qui ne correspond plus à une photographie mais à une image digitale
Perdus dans nos couleurs pastels et notre vision carrée, comment faut-il appréhender la couleur ? Il faudrait tout d’abord savoir qui donne parfois des coups de pinceaux dans le ciel, mais surtout pourquoi?
Personnellement, j’ai ce schéma de couleur en tête chaque fois que je choisis une teinte pour la combiner avec une autre. Au centre se trouve le gris, la couleur la plus sous estimée, alors qu’elle donne un fond aussi riche que calme à toute image.
Passer du blanc au noir avec 2 tons de bleus, observer l’impact du cadre sur la couleur et voir des lignes immobiles s’agiter devant nos yeux: faut-il croire la couleur? La figure 4 comment construire une échelle de couleur en combinant 5 teintes de bleu clair et de bleu foncé avec 5 teintes de gris pour produire 15 teintes passant par toutes les teintes de bleus. Soit, mais ... la perception de la couleur est relative. Les deux rectangles oranges ont exactement la même teinte mais semble plus clair avec un fond vert foncé et plus foncé dans un cadre jaune pâle. Quand au quadrillage de lignes vertes et rouges, il provoque un effet d'agitation appelé moiré...
L’œil humain serait capable de discriminer des milliers de teintes différentes, ce qui en fait un capteur particulièrement efficace.
En divisant certaines bandes visibles et thermiques par d'autres bandes, et en étirant certains segments de l'histogramme, une image avec des couleurs crisardes permettra de voir de nouvelles structures.
Voici le zoom d’une image en fausses couleurs qui permet de distinguer les anciens méandres de cet affluent au Nil.
Au-delà de la beauté intrinsèque de cette image, elle permet de discriminer les zones alluviales des zones de socle altérée, ce qui permet de localiser les forages qui alimenteront les pompes à main avec un taux de succès bien supérieur que d’y aller à l’aveuglette. Or, au niveau du sol, on ne distingue rien de ces structures géologiques. Même si les couleurs n’ont plus de signification en soi, elles permettent de comprendre un paysage aux 3 niveaux préconisés par Bertin: au niveau du site à localiser, en relation avec son paysage proche et plus globalement dans une perspective régionale.