La musique recommandée pour cette section Massive Attack Blue Lines
Exemples régionaux
Une série de paysages variés sera présentée ici, dont les blocs diagramme dessinés par de Martonne font comprendre l'organisation des paysages par une succession de satoris .
Le premier bloc-diagramme représente le canyon du Colorado en Arizona. Le socle précambrien (en rose) est recouvert d'une séquence complète comprenant schistes cambriens (7) calcaires et marno-calcaires ordoviciens (6), siluriens (5), dévoniens (4), carbonifère (3) et permiens (1-2). Sur le plateau, l'érosion aplanit les grès permiens et creuse le canyon en formant des replats qui dépendent de la dureté relative de l'alternance de couches calcaires et de marno-calcaires.
Une couche de lave forme une falaise sur la partie droite de l'image. Abaissée par une faille à gauche, elle a permis l'établissement de deux lacs au bas de la pente d'érosion.
Ici aussi une couche de lave - représentée en gris foncé - est une couche résistant à l'érosion qui forme un plateau suspendu. Comme les deux autres blocs-diagramme, la seule force agissante ici est l'érosion qui dégage différentiellement des couches plus ou moins dures dans un environnement immobile dans lequel même la faille ne jouerait aucun rôle.
Sur cette image est représentée un phénomène dynamique qui passionnait les géomorphologues du tournant du XXème siècle: La capture de rivières. Les rivières coulant vers le nord-ouest pénètrent de plus en plus profondément dans le jura souabe, détournant des rivières qui coulaient vers le bassin versant du Danube au sud-est. Juste au sud de Pfullingen, un affluent de la Neckar va bientôt capturer l'affluent du Danube qui coule plein sud, ce qui augmentera le débit du Rhin vers la mer du nord tout en diminuant celui du Danube vers la mer noire.
Les couches du Keuper, plus tendres, ont été largement décapées par l'érosion dans le bassin versant du Rhin qui tend à s'enfoncer selon un axe sud-nord. A l'exception de la Franconie, la plupart des eaux situés entre les côtes du Keuper et du jurassique s'écoulent déjà vers le nord, l'Altmühl est la prochaine rivière qui sera déviée vers le nord par érosion régressive.
Seule la mise en couleur de cette carte permet de saisir d'un coup d'oeil la bataille que se livrent Danube et Rhin autour du jura souabe via les côtes triassique et jurassique.
Seule la mise en couleur de cette carte permet de saisir d'un coup d'oeil la bataille que se livrent Danube et Rhin autour du jura souabe via les côtes triassique et jurassique.
Ici se combinent une compression tectonique déformant les couches de roches et une érosion plus ou moins efficace suivant la dureté de la roche. La compression a plissé une série de roche jurassique (5 et 6) et crétacée (1 à 4), qui forme une voûte appelée anticlinal, dont l'érosion a dégagé le cœur jurassique par la suite.
C'est une image schématique d'un phénomène pourtant plus complexe que l'érosion d'une série de couches horizontales.
C'est une image schématique d'un phénomène pourtant plus complexe que l'érosion d'une série de couches horizontales.
Cette image représente le djebel Zaghouan en Tunisie, un exemple d'anticlinal de style cassant tirée de Birot (Géomorphologie structurale, 1958). Le socle (1) est surmonté d'une séquence triassique (2) et de marnes (3), une roche relativement plastique recouverte de calcaires jurassiques compacts (4). Les couches les plus dures ont résisté à l'érosion et forment une crête anticlinale coupée de failles longitudinales et d'accidents transversaux (en rouge). Les couches tendres ont été érodées, il ne reste que des talus avec de faible pente au pied de l'anticlinal. La complication de la coupe proposée n'est vraiment pas reflétée par les formes en surface, il faut croire le coup de crayon du tectonicien...
Les Appalaches sont une chaîne de montagnes qui couvre l'est des Etats-Unis et s'incurve au Québec jusqu'à former la rive du sud de l'estuaire du St Laurent. Plissée a la fin du primaire, elle a subi une érosion qui a largement aplani cette protubérance. En violet (1) sont figurées les zones qui n'ont pas été aplanis, les traits horizontaux (2) indiquent la grande vallée centrale des Appalaches qui correspond au dernier épisode d'aplanissement généralisé au tertiaire. Les traitillés (3) indiquent la profondeur en pieds de la séquence secondaire alors que les pointillés bruns (4) indiquent les zones où se sont accumulés les sédiments issus de l'érosion tertiaire qui y ont été transportés par le réseau hydrographique radial.
L'image A représente les Appalaches a la fin du secondaire alors que la chaine de montagne avait été largement érodée et que des sédiments s'étaient déposés sur une plaine côtiére s'ouvrant vers l'océan à l'est. L'image B montre les Appalaches au tertiaire, lorsque l'érosion avait décapé les couches secondaires et creusé une grande vallée au centre de la chaîne. L'image C enfin illustre comment la plaine créée au tertiaire est disséquée à son tour par l'érosion.
Malgré les structures très compliquées, le seule explication avancée se limite à des cycles successifs d'érosion qui auraient dessinés le plateau, les crêtes et les vallées ainsi que les Blue Hills ou le bas pays.
Malgré les structures très compliquées, le seule explication avancée se limite à des cycles successifs d'érosion qui auraient dessinés le plateau, les crêtes et les vallées ainsi que les Blue Hills ou le bas pays.
Dans sa morphologie structurale, Pierre Birot reprend cette analyse illsutrée sur le dessin ci-dessus. L'idée est la même, le dessin nettement plus schématique, probalement plus théorique et moins basée sur une observation sensible de la réalité physique. Vous avez dit carcan idéologique ?
Une structure similaire, un alignement de collines parrallèles, existe au sud de Rennes en Bretagne. Des schistes argileux précambriens (en rose) sont surmontés de schistes et de grès primaires (en vert). Toutes les crêtes ont une altitude uniforme, alors que dans les vallées les bancs plus durs sont mis en évidence par l'érosion. Les petits traits verticaux noirs indiquent la position des forêts de pins couronnant les collines.
Cette section se finit avec 2 exemples de paysages atlasien, le premier en Tunisie, celui du massif de l'Aurès. Une succession d'anticlinaux et de synclinaux, de grandes vallées structurales, est soumis à une érosion intense, qui met en évidence des saillies de couches dures ou arrondit la croupe molle d'anticlinaux aux roches tendres. Mais l'histoire est plus compliquée qu'une seule érosion, plusieurs épisodes de dépôts se sont succédés dans un paysage par ailleurs affecté par la tectonique puis remodelé par l'érosion: les sables et grès pontiens (jaune clair) se déposent ainsi sur des roches d'âge différent comme illustré par la coupe.
Cette coupe à travers l'Atlas marocain raconte une histoire encore plus compliquée, avec un fossé de la Moulouya s'effondrant entre deux masses de sédiments plissés, dans une structure elle-même chevauchante sur un socle plissé au sud-est. Le profil sous la couche indique les variations minimes mais significatives de la gravité, résultant de la composition différentielle de la croûte terrestre jusqu'à une profondeur de quelques dizaines de kilomètres. Il devient alors évident que les paysages représentent bien plus qu'une simple érosion locale de masses de roches déposées par la tectonique et qu'il faut ajouter un élément essentiel - le temps - pour dépasser une vision statique des phénomènes géomorphologiques.