Musique recommandée pour la lecture James Carr you got my mind messed-up
Alors que l'auteur de ces lignes, jeune berger en stage chez un indien Huron au Canada, se plaignait de l'érosion qui emporte de la bonne terre depuis le fossé de drainage, voici la réponse qu'il reçut: "Tu n'as pas compris ce qui se passe, la mer se jette dans le Saint-Laurent, le Saint-Laurent se jette dans le Richelieu, le Richelieu se jette dans la rivière du rang nord, et la rivière du rang nord se jette dans le fossé derrière ma ferme. La mer ne passe pas par la terre, mais par les airs sous forme de pluie. Qui suis-je pour m'opposer à la puissance de la mer?"
Lorsque l'équateur thermique remonte vers le nord, des masses d'air chaud et humide quittent le golfe de Guinée et tombent dans le bassin versant du fleuve Niger. Examinons dans un premier temps ce qui se passe sur le continent.
Lorsque l'équateur thermique remonte vers le nord, des masses d'air chaud et humide quittent le golfe de Guinée et tombent dans le bassin versant du fleuve Niger. Examinons dans un premier temps ce qui se passe sur le continent.
Le Fouta Djalon sépare le bassin du Niger de celui du fleuve Sénégal, au sud la chaîne qui culmine au Loma Mansa sépare le bassin du Niger des écoulements côtiers directs. Les branches du Niger supérieur se rencontrent en amont du delta intérieur, une immense zone inondée une grande partie de l'année, puis le Niger change de direction et plonge vers le sud avant de rejoindre le golfe de guinée dans son delta actuel. Le plateau de Jos limite son extension au nord du Nigeria. Il recoit les eaux de la Bénoué dont l'écoulement est influencé comme le Niger inférieur par la ligne volcanique active du Caméroun, dernières traces visibles de l'ouverture de l'Atlantique sud au Jurassique.
Grâce aux données du Global Runoff Data Centre, Federal Institute of Hydrology (BfG) qui proposent une modélisation des écoulements dans plus de 500 bassins versants, cette visulation représente les écoulements sur une surface de captage toujours plus petite (donc plus détaillée) permettent de visualiser comment l'eau s'écoule dans un réseau toujours plus ramifié. Les zones qui restent libre de tout écoulement n'ont pas été modélisés car ils sont trop petits. Le chevelu relativement dense des réseaux reflète l'importance des précipitations qui tombent sur la facade oriental de l'Afrique.
En superposant un réseau hydrographique très dense sur la topographie, il est possible de tester l'importance réelle de certains éléments structurants. Les montagnes et collines identifiées sont repérables grace au drainage rayonnant qu'elles occasionnent.
Mais quel peut bien être le rôle joué par la couverture végétale?
Mais quel peut bien être le rôle joué par la couverture végétale?
Sur cette carte basée sur les données ESRI 2020 Land Cover, les zones en gris correspondent au sol nu des régions désertiques. La végétation éparse offre une protection limitée contre l'érosion alors que les prairies et les forêts l'empèchent largement. Les zones cultivés (en orange) et les zones construites (en rouge) indiquent une certaine concentration des activités le long des principaux fleuves. Enfin il faut noter deux zones marécageuses dans la bande sahélienne, celle du delta intérieur du Niger et celle de Lac Tchad et les nombreuses petites zones inondées dans le delta actif du Niger.
En combinant maintenant sur notre carte d'écoulements de surface les données de la morphologie sous marine, la nouvelle image permet de poser certaines hypothèses. Le lobe au nord ouest du delta actuel est probablement l'avant-dernier lobe, celui situé encore plus à l'ouest pourrait lui aussi correspondre à un ancien delta du Niger. Que dire alors de l'immense cone alimenté par une série de courtes rivières qui n'ont certainement jamais eu la capacité de charrier les milliards de tonnes pour construire un tel delta ? Faut-il dès lors envisager que le Niger aurait rejoint la mer beaucoup plus à l'ouest qu'aujourd'hui il y a quelques millions d'années? Une série d'incisions érosives assez larges juste au dessus de ce delta pousserait à envisager ici aussi un remodelage du plateau continental lors du quaternaire alors que le niveau de la mer oscillait au fur et à mesure que les glaciers avancaient ou reculaient dans l'hémisphère nord.
Mais tout ceci est une vision externe, que charriait le Niger et quel type de dépôts devons nous attendre à trouver?
Pour cela il faudra d'abord comprendre comment les roches s'altèrent
Pour cela il faudra d'abord comprendre comment les roches s'altèrent