Il y a 20'000 ans régnait l'âge des glaces, les zones en gris sont couvertes de glaces, celles avec un pointillé noir sont des déserts glacés. Une bande brune part du nord de l'Himalaya et finit dans ce qu'il est convenu d'appeler la zone franco-cantabrienne qui a livré tellements de peintures anciennes.
Contrairement à une image fort répandue, la période glaciaire a été une période favorable aux humains: il y avait d'immenses troupeaux de chevaux et de boeufs qu'il suffisait de chasser dans une toundra infinie! Les Paléolithiques avaient une culture basée sur la chasse qui fournissait les protéines et la cueillette qui donnait accès aux fibres et aux médicaments. Le bois et le cuir étaient travaillés, comme les pierres qui sont transformés en outils. Mais si les Paléolithiques savent reconnaître l'obsidenne, avaient-ils d'autres connaissances géologiques?
Pendant que le glacier se retire peu à peu, la culture paléolithique européenne atteint un sommet avec les peintures de Lascaux, alors qu'en Amérique le retrait glaciaire permet une colonisation le long des Rocheuses.
Dans les grottes de Lascaux ont été découvert de rares coquillage dont ce Sipho, une espèce actuelle de l’Atlantique qui a des traces d’ocre, donc de décoration. Il faut donc admettre qu’au paléolithique déjà les humains transportait sur de grandes distances des objets «géologiques» dont la forme ou la beauté les avaient frappé.
Image tirée de la monographie Lascaux Inconnu, Leroi-Gourhan Arlette et Allain Jacques, Editions du CNRS, 1979
Mais les paléolithiques avaient d'autres connaissances géologiques, ils utilisaient de nombreux pigments d'origine minérale. La plupart des couleurs ont été obtenues à partir de colorants ramassés dans la région en grande quantité (on parle de dizaines de kilos retrouvés dans les grottes peintes!) dont beaucoup avaient changé de couleur sous l'effet du feu, un phénomène que les Paléolithiques ont remarqué puis utilisé pour leurs peintures. Voici quelques arguments géologiques quant à une origine possible de ces pigments.
Mais les paléolithiques avaient d'autres connaissances géologiques, ils utilisaient de nombreux pigments d'origine minérale. La plupart des couleurs ont été obtenues à partir de colorants ramassés dans la région en grande quantité (on parle de dizaines de kilos retrouvés dans les grottes peintes!) dont beaucoup avaient changé de couleur sous l'effet du feu, un phénomène que les Paléolithiques ont remarqué puis utilisé pour leurs peintures. Voici quelques arguments géologiques quant à une origine possible de ces pigments.
Les oxydes et hydroxydes de fer font de belles couleurs rouges, brunes ou jaune suivant la température à laquelle ils sont chauffés. Sur cette carte du BRGM sont reportés quelques sites mentionnés dans la monographie sur Lascaux (Leroi-Gourhan A. et al, 1979). les peintres du paléolithiques exploitaient le sidérolithique développé sur des calcaires massifs jurassiques. Il s’agit ici d’argiles ferrugineuses et de sables, une formation résiduelle d'érosion sous climat tropical de roches sédimentaires. Ligneyrac a une source différente, il s’agirait ici d’une altération d’un calcaire gréseux roux aussi d’âge jurassique. Les couleurs rouges, jaunes et brunes dominent à Lascaux, peut-être par proximité relative de ces pigments.
Les sites situés à une quarantaine de kilomètres probablement exploités pour l'oxyde de manganèse - qui donnent un beau noir - appartiendraient à la formation de Guizengard daté du Bartonien au Lutétien supérieur (éocène), une formation continentale qui comprend des sables feldspathiques micacés, des graviers, des galets et argiles sableuses, un ensemble ferrugineux, versicolore à lentille argileuses parfois kaolinique. La source est d’ordinaire un lit ou une diaclase dans laquelle seraient concentrés les oxydes de manganèse. Les grottes de Lascaux comportent relativement peu de peintures noires puisque les peintres ne l'utilisaient que pour dessiner le pourtour des animaux. Les Paléolithqiues savaient par ailleurs que le charbon est un moins bon pigment puisqu'ils l'utilisaient relativement peu. Ou encore s'est il effacé comme le crayon disparaît aujourd'hui au fur et et à mesure que la peinture progresse sur la toile...
Il apparait que les hommes préhistoriques ont exploité à Neuvic et Cadouin, aux Eyzies et à la Treille des altérites de calcaires du Crétacé supérieur ayant produit du kaolin. Les sites de Marcognac et Marsaguet proviennent eux de l’altération de paragneiss plagioclasiques, qui ont eux aussi fourni la base blanche des couleurs.
les sites actuels de production de colorants industriels sont marqués avec une étoile violette , ceux de matière première ferreuse qui peut servir de colorant rouge-orange-brun avec une étoile rouge. Les blancs, rouges, jaunes et bruns utilisés à Lascaux proviendraient de gisements relativement proches alors que le noir provient de gisements plus lointains. Avec le temps, le centre de gravité de production de colorants s’est déplacé d’une région riche en grottes à une zone où affleurent plus de roches ignées.
Les Paléolithique étaient donc de bons protogéologues puisqu’ils étaient capables
1) D’identifier la perfection de l’enroulement d’une coquille de gastéropode
2) De différencier le kaolin d’autres minéraux blancs pour assurer un approvisionnement en liant pour les peintures
3) De retrouver des veines riches en oxide de manganese pour se procurer la couleur noire
4) De distinguer les couches de sidérolithique pour trouver les rouges et les bruns indispensables pour representer de beaux animaux.
5) Si l’on ajoute le fait qu’il y a des preuves que les artistes paléolithiques faisaient chauffer leurs pigments pour en changer la couleur, force est de constater que le passage à la récolte, la fusion puis le travail du métal se base déjà sur une très longue tradition lorsque le cuivre remplacera la pierre comme technologie ! Il semblerait d'ailleurs que l’introduction du cuivre n’ait pas changé grand chose au quotidien de ces nomades en voie de sédentarisation, il faudra attendre l’arrive du bronze pour provoquer un vrai bouleversement de société.
En résumé, nous sommes face à un joli paradoxe … géologique: Les Paléolithique utilisaient surtout les produits d’altération de roches anciennes comme source de pigment. Or cette altération s'est faite sous températures élevées et grâce à une pluviométrie importante et constante qui ont permis le lessivage des bases, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un résidu d’oxydes et d’hydroxydes de fer et d’aluminium dont ils tireront les rouges, bruns et oranges qui ont rendu Lascaux célèbre dans le monde entier. Vivants à une des époques les plus froides du continent européen dans le dernier million d’années, les Paléolithiques auraient eu de la peine à imaginer que les pigments qu’ils utilisaient pour peindre les caves sont le résidu d’une altération de roches sédimentaires ou ignées sous climat tropical!
Cartographie primitive
S'ils ont d'indéniables connaissances de géologie appliquée, quelle pouvait bien être leur représentation de l’espace, l'autre élément déterminant pour tout progrès des sciences de la Terre? Certains éléments de l’histoire de la cartographie peuvent nous éclairer sur ce point. En effet, pour imaginer le passage du monde mental des nomades paléolithiques aux sédentaires métallurgistes post néolithiques de l’âge du bronze et puis du fer après la crise de l’an -1’300, une iconographie regroupant quelques gravures rupestres et cartes primitives auraient une chance d’aider le lecteur à mieux se représenter ce que l’invention de la métallurgie a représenté comme bouleversement pour nos sociétés. Le voyage passera par le Québec, l’Afrique australe et la Chine – tous pré-métal et nomades - avant de se poursuivre par la Chine (village sédentaire) et le Val Camonica avec la première carte topographique du monde (?).
1) D’identifier la perfection de l’enroulement d’une coquille de gastéropode
2) De différencier le kaolin d’autres minéraux blancs pour assurer un approvisionnement en liant pour les peintures
3) De retrouver des veines riches en oxide de manganese pour se procurer la couleur noire
4) De distinguer les couches de sidérolithique pour trouver les rouges et les bruns indispensables pour representer de beaux animaux.
5) Si l’on ajoute le fait qu’il y a des preuves que les artistes paléolithiques faisaient chauffer leurs pigments pour en changer la couleur, force est de constater que le passage à la récolte, la fusion puis le travail du métal se base déjà sur une très longue tradition lorsque le cuivre remplacera la pierre comme technologie ! Il semblerait d'ailleurs que l’introduction du cuivre n’ait pas changé grand chose au quotidien de ces nomades en voie de sédentarisation, il faudra attendre l’arrive du bronze pour provoquer un vrai bouleversement de société.
En résumé, nous sommes face à un joli paradoxe … géologique: Les Paléolithique utilisaient surtout les produits d’altération de roches anciennes comme source de pigment. Or cette altération s'est faite sous températures élevées et grâce à une pluviométrie importante et constante qui ont permis le lessivage des bases, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un résidu d’oxydes et d’hydroxydes de fer et d’aluminium dont ils tireront les rouges, bruns et oranges qui ont rendu Lascaux célèbre dans le monde entier. Vivants à une des époques les plus froides du continent européen dans le dernier million d’années, les Paléolithiques auraient eu de la peine à imaginer que les pigments qu’ils utilisaient pour peindre les caves sont le résidu d’une altération de roches sédimentaires ou ignées sous climat tropical!
Cartographie primitive
S'ils ont d'indéniables connaissances de géologie appliquée, quelle pouvait bien être leur représentation de l’espace, l'autre élément déterminant pour tout progrès des sciences de la Terre? Certains éléments de l’histoire de la cartographie peuvent nous éclairer sur ce point. En effet, pour imaginer le passage du monde mental des nomades paléolithiques aux sédentaires métallurgistes post néolithiques de l’âge du bronze et puis du fer après la crise de l’an -1’300, une iconographie regroupant quelques gravures rupestres et cartes primitives auraient une chance d’aider le lecteur à mieux se représenter ce que l’invention de la métallurgie a représenté comme bouleversement pour nos sociétés. Le voyage passera par le Québec, l’Afrique australe et la Chine – tous pré-métal et nomades - avant de se poursuivre par la Chine (village sédentaire) et le Val Camonica avec la première carte topographique du monde (?).