(Source: Paul Klee, “ligne active”, Esquisses pédagogiques, édition Albert Langen, Münich, 1925)
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Dans ses célèbres esquisses pédagogiques, Paul Klee commence par dessiner une ligne active, qui serait simplement le résultat du déplacement d'un point, bien sûr infiniment petit selon les mathématiciens, mais capable de tracer une ligne lors d'un déplacement libre.
Vassily Kandinsky, un autre peintre théoricien du Bauhaus, publie l'année suivante le livre "point et ligne sur plan", qui s'interroge lui aussi sur la relation entre la position des points, leurs relations avec les lignes qui enferment des surfaces dont la forme aurait un code couleur universel qu'il tente de rendre explicite pour l'appliquer à sa peinture abstraite. |
Perception de l'espace
Comment se construit-on une image d'une ville dans laquelle on vient d'arriver et que l'on découvre peu à peu? Tout ce qui suit est largement inspiré de ce qui m'a servi d'introduction à la compréhension de l'espace construit, un ouvrage du géographe genevois Antoise Bailly intitulé "La perception de l'espace urbain: les concepts, les méthodes d'études, leur utilisation dans la recherche urbanistique" paru en 1977 au Centre de recherche d'Urbanisme de Paris.
Comme point de départ - c'est le cas de le dire - nous aurions donc un simple point, la position exacte au moment zéro, avant tout déplacement, réduit à l'espace immédiat qui l'entoure. Sortant du train qui l'amène dans la nouvelle ville, le nouvel arrivant suit le quai et débouche sur la place de la gare. Une série de pas, un premier passage d'un espace clos à un espace ouvert. Imaginons que la valise est légère et le chemin jusqu'à l'hôtel court, il va se déplacer le long de quelques rues, repérer son hôtel et s'y installer pour la nuit. A ce stade il connaît 2 points - la gare et l'hôtel - plus éventuellement un monument marquant vu en chemin. Le lendemain, il va aller à son nouvel emploi par un chemin qu'il aura repéré sur une carte, puis pendant une semaine il fera régulièrement ce chemin. Après une semaine, il connaitra un ou quelques itinéraires mais n'aura pas encore une vision spatiale au delà de points de plus en plus nombreux et de quelques trajets que l'on peut le mieux représenter par des lignes. Au bout de trois mois il saura trouver n'importe quelle adresse et au bout d'un an il saura comment se déplacer en voiture en évitant les bouchons annoncés à la radio, mais il lui faudra attendre d'avoir passé quelques années pour bien anticiper les perturbations de trafic en fonction des moments clés spécifiques qui cadencent l'année de cette communauté urbaine spécifique.
Ces remarques restent valables lorsqu'on dispose d'un GPS ou d'un système de guidage, les délais pour arriver à une certaine autonomie sont probablement allongés car le fait de trouver immédiatement le chemin le plus court ne favorise pas la mise en place des pièces de puzzle successives nécessaires pour construire une image en trois dimensions de la ville dans laquelle on se déplace.
Comment se construit-on une image d'une ville dans laquelle on vient d'arriver et que l'on découvre peu à peu? Tout ce qui suit est largement inspiré de ce qui m'a servi d'introduction à la compréhension de l'espace construit, un ouvrage du géographe genevois Antoise Bailly intitulé "La perception de l'espace urbain: les concepts, les méthodes d'études, leur utilisation dans la recherche urbanistique" paru en 1977 au Centre de recherche d'Urbanisme de Paris.
Comme point de départ - c'est le cas de le dire - nous aurions donc un simple point, la position exacte au moment zéro, avant tout déplacement, réduit à l'espace immédiat qui l'entoure. Sortant du train qui l'amène dans la nouvelle ville, le nouvel arrivant suit le quai et débouche sur la place de la gare. Une série de pas, un premier passage d'un espace clos à un espace ouvert. Imaginons que la valise est légère et le chemin jusqu'à l'hôtel court, il va se déplacer le long de quelques rues, repérer son hôtel et s'y installer pour la nuit. A ce stade il connaît 2 points - la gare et l'hôtel - plus éventuellement un monument marquant vu en chemin. Le lendemain, il va aller à son nouvel emploi par un chemin qu'il aura repéré sur une carte, puis pendant une semaine il fera régulièrement ce chemin. Après une semaine, il connaitra un ou quelques itinéraires mais n'aura pas encore une vision spatiale au delà de points de plus en plus nombreux et de quelques trajets que l'on peut le mieux représenter par des lignes. Au bout de trois mois il saura trouver n'importe quelle adresse et au bout d'un an il saura comment se déplacer en voiture en évitant les bouchons annoncés à la radio, mais il lui faudra attendre d'avoir passé quelques années pour bien anticiper les perturbations de trafic en fonction des moments clés spécifiques qui cadencent l'année de cette communauté urbaine spécifique.
Ces remarques restent valables lorsqu'on dispose d'un GPS ou d'un système de guidage, les délais pour arriver à une certaine autonomie sont probablement allongés car le fait de trouver immédiatement le chemin le plus court ne favorise pas la mise en place des pièces de puzzle successives nécessaires pour construire une image en trois dimensions de la ville dans laquelle on se déplace.
En 1957, le sociologue Paul-Henry Chambart de Lauwe a publié cette carte intitulée "Trajets pendant un an d’une jeune fille du XVIe arrondissement". Un triangle apparaît, celui qui existe entre sa résidence, l'université qu'elle flérquente et la maison de son professeur de piano.
L'espace vécu est limité à quelques dizaines de points, moins d'une dizaines de trajets fréquents et une surface limitée à moins d'un cinquième de la ville de Paris pour laquelle une image mentale suffisamment complète permet l'appréhension des principaux éléments structurants de l'espace urbain. Un autre exemple reproduisant l'espace vécu de canards en Sibérie se trouve ici |
Espace perçu et cartographie: deux facettes d'un même processus mental
L'histoire de la cartographie est un développement relativement récent de la géographie. Comme le faisait remarquer Cengör lors de sa conférence au collège de France, étudier l'histoire d'une science, c'est étudier cette science sous un angle particulièrement pertinent. C'est à l'initiative de John Brian Harley que cette science s'est développée. Elle a permis la rédaction d'une histoire de la cartographie en 6 volumes en anglais disponible ici. Cette encyclopédie insiste sur la prise en compte de la représentation de l'espace par des cultures très différentes, et discute de la possibilité de se représenter entre autre la perception de l'espace par les cultures préhistoriques, c'est-à-dire des cultures précédant l'apparition de l'écriture dans lesquelles la productions cartographique aura pris une forme assez différente de celles qui utilisent support et écriture pour transmettre des savoirs spatiaux. Mais leur découverte de l'espace se faisait exactement comme aujourd'hui, par des pas (points élémentaires), des trajets (qui forment des lignes que l'on reproduira occasionnellement au besoin), et des stratégies d'appropriation ou de défense d'espaces importants.
La combinaison de trajets pédestres permet de concevoir des surfaces, et l'articulation des surfaces (boisés, huttes, villages, voies de migration, centre et périphéries de l'extension clanique puis ethnique) permet la mise en place d'un plan mental préhistorique toujours plus sophistiqué comme la combinaison de lignes urbaines permet de concevoir des surfaces, et l'articulation des surfaces (maisons, blocs, artères, quartiers, centre historique et périphéries) permet la mise en place d'un plan de ville mental toujours plus sophistiqué.
Cartographier une ville signifie identifier les points remarquables, tracer les grands axes qui l'organisent et symboliser des surfaces afin de permettre l'émergence d'un plan mental utile. La cartographie bien pensée est donc une réplique exacte des processus de perception à l'oeuvre lorsque on découvre un nouvel environnement. Mais les processus de perception sont largement inconscients, même s'ils reflètent évidemment la culture qui baigne l'existence de celui qui se déplace dans un environnement donné. De même, une carte ne reproduit que ce qui est culturellement signifiant pour le groupe qui la produit.
Mais serons-nous seulement capables de comprendre des cartes produites il y a très longtemps, ou avec un référent culturel très différent du nôtre?
L'histoire de la cartographie est un développement relativement récent de la géographie. Comme le faisait remarquer Cengör lors de sa conférence au collège de France, étudier l'histoire d'une science, c'est étudier cette science sous un angle particulièrement pertinent. C'est à l'initiative de John Brian Harley que cette science s'est développée. Elle a permis la rédaction d'une histoire de la cartographie en 6 volumes en anglais disponible ici. Cette encyclopédie insiste sur la prise en compte de la représentation de l'espace par des cultures très différentes, et discute de la possibilité de se représenter entre autre la perception de l'espace par les cultures préhistoriques, c'est-à-dire des cultures précédant l'apparition de l'écriture dans lesquelles la productions cartographique aura pris une forme assez différente de celles qui utilisent support et écriture pour transmettre des savoirs spatiaux. Mais leur découverte de l'espace se faisait exactement comme aujourd'hui, par des pas (points élémentaires), des trajets (qui forment des lignes que l'on reproduira occasionnellement au besoin), et des stratégies d'appropriation ou de défense d'espaces importants.
La combinaison de trajets pédestres permet de concevoir des surfaces, et l'articulation des surfaces (boisés, huttes, villages, voies de migration, centre et périphéries de l'extension clanique puis ethnique) permet la mise en place d'un plan mental préhistorique toujours plus sophistiqué comme la combinaison de lignes urbaines permet de concevoir des surfaces, et l'articulation des surfaces (maisons, blocs, artères, quartiers, centre historique et périphéries) permet la mise en place d'un plan de ville mental toujours plus sophistiqué.
Cartographier une ville signifie identifier les points remarquables, tracer les grands axes qui l'organisent et symboliser des surfaces afin de permettre l'émergence d'un plan mental utile. La cartographie bien pensée est donc une réplique exacte des processus de perception à l'oeuvre lorsque on découvre un nouvel environnement. Mais les processus de perception sont largement inconscients, même s'ils reflètent évidemment la culture qui baigne l'existence de celui qui se déplace dans un environnement donné. De même, une carte ne reproduit que ce qui est culturellement signifiant pour le groupe qui la produit.
Mais serons-nous seulement capables de comprendre des cartes produites il y a très longtemps, ou avec un référent culturel très différent du nôtre?
(Source: history of cartography, Traditional Cartography in Arctic and subarctic Eurasia, E. Okladniwoka)
Interpréter une gravure rupestre vieille de 3'000 à 5000 ans ?
Plus de 120 gravures rupestres reproduisant des humains et des animaux ont été découvertes en Karélie russe (nord du pays jouxtant la Finlande). La scène ci-dessus contient des chasseurs et des animaux vus de profil, mais sa signification n'en est toutefois perceptible que dans le plan. L'action se passe de gauche à droite, on distingue 3 traces d'élans (1) qui se divisent en 3 pistes distinctes (2, 3 et 4). Le plus à droite a probablement réussi à s'enfuir (ou a été tué en dehors de l'image). Les traces parallèles et les 3 petits points alternant à gauche et a droite des lignes seraient la trace de skis et des bâtons s'enfonçant dans la neige, ce qui permet de conclure qu'il y avait 3 chasseurs. Les deux tiers de gauche montrent des skis parallèles et donc une probable descente, alors qu'à partir du point 5 il semble que les chasseurs ont utilisé des raquettes à neige tout en continuant à utiliser leurs bâtons de ski! Il n'y a en effet qu'un point le long des pistes qui mènent aux points 6 et 7 alors que le chasseur armé d'un arc s'est arrêté en 5 et aurait tué le plus petit élan (avec 2 flèches ?). Le chasseur en 6 aurait tué l'élan avec une lance, celui en 7 l'aurait laissé filer.
Cette image, malgré son origine archaïque, est parfaitement compréhensble aujourd'hui. Elle raconte une scène de chasse que nous pouvons assez facilement imaginer.
Interpréter une gravure rupestre vieille de 3'000 à 5000 ans ?
Plus de 120 gravures rupestres reproduisant des humains et des animaux ont été découvertes en Karélie russe (nord du pays jouxtant la Finlande). La scène ci-dessus contient des chasseurs et des animaux vus de profil, mais sa signification n'en est toutefois perceptible que dans le plan. L'action se passe de gauche à droite, on distingue 3 traces d'élans (1) qui se divisent en 3 pistes distinctes (2, 3 et 4). Le plus à droite a probablement réussi à s'enfuir (ou a été tué en dehors de l'image). Les traces parallèles et les 3 petits points alternant à gauche et a droite des lignes seraient la trace de skis et des bâtons s'enfonçant dans la neige, ce qui permet de conclure qu'il y avait 3 chasseurs. Les deux tiers de gauche montrent des skis parallèles et donc une probable descente, alors qu'à partir du point 5 il semble que les chasseurs ont utilisé des raquettes à neige tout en continuant à utiliser leurs bâtons de ski! Il n'y a en effet qu'un point le long des pistes qui mènent aux points 6 et 7 alors que le chasseur armé d'un arc s'est arrêté en 5 et aurait tué le plus petit élan (avec 2 flèches ?). Le chasseur en 6 aurait tué l'élan avec une lance, celui en 7 l'aurait laissé filer.
Cette image, malgré son origine archaïque, est parfaitement compréhensble aujourd'hui. Elle raconte une scène de chasse que nous pouvons assez facilement imaginer.
(Source: history of cartography, Traditional Cartography in Arctic and subarctic Eurasia, E. Okladniwoka)
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Comprendre le dessin d'un costume de chaman?
Ce dessin reproduit celui figurant sur un costume de Chaman sibérien. Il montre l'axe de l'univers, avec en bas le monde inférieur où vivent les démons, au centre le monde intermédiaire dans lequel vivent les humaines et au dessus le monde supérieur où vivent les dieux et les esprits. C'est un monde qu'on peut encore imaginer, il semblerait que cette structure soit commune à la plupart des cultures qui sont passé à l'écriture très tard, entre autre toutes les cultures arctiques qui ont conservé une tradition chamanique remontant à la culture paléolithique jusqu'au début des temps modernes. Or cette vision de trois mondes superposés dans un monde plat est largement répandue de la Mésopotamie à l'Egypte ancienne à la Scandinavie, à laquelle s'opposera plus tard une vision du monde sphérique, dans laquelle subistera toutefois un axe du monde vertical. Par contre imaginer les rituels qu'utilisaient les chamans pour passer d'un monde à l'autre est bien plus compliqué à envisager dans notre réalité actuelle, car cela fait appel à des références culturelles qui nous dépassent complétement. Ici, l'abstraction a pris le dessus, et sans compréhension au moins théorique du contexte culturel, il nous est impossible de nous situer dans l'espace sémantique, qui ne dépend plus de la perception directe de l'espace physique, mais est la projection d'un espace symbolique propre à une culture donnée. Toute interprétation de carte devra être ouverte à intégrer une culture largement incompréhensible pour un acteur externe. En fait, l'interprétation devrait viser à mettre cette culture en évidence, non comme contexte, mais comme objet de recherche. |
Comprendre le monde mental des chasseurs-cueilleurs I
Je ne résiste au plaisir de présenter cettes figure magnifique. Celle-ci montre montre à droite un piège à poisson en amont d'un petit lac, à gauche un chasseur en traineau tiré par des rennes. Les deux enclos enferment des cerfs, dont deux qui se battent, et les nombreux petits cercles indiquent les trous creusés par les cerfs pour trouver de la mousse sous la neige, Enfin, les quatre cercles avec une ligne brisée sont des pièges à renard autour d'un tas de poisson qui sert d'appât. Cette image date du début du XXème siècle et représente un mode de vie traditionnel en train de se perdre. Il est toutefois possible d'imaginer l'organisation de l'espace que ce mode de vie impliquait. (Source: history of cartography, Traditional Cartography in Arctic and subarctic Eurasia, E. Okladniwoka) |
(Source: history of cartography, Traditional Cartography in Arctic and subarctic Eurasia, E. Okladniwoka)
Comprendre le monde mental des chasseurs-pécheurs-cueilleurs II
Ce dessin sur une rame de canoé représente à gauche une scène marine et à droite une scène terrestre. Sous deux nuées d'oiseaux naviguent deux bateaux à voile, dont les chasseurs ont réussi à harponner une baleine. Sous l'eau se déplacent des phoques, des morses et des orques qui attaquent un banc de poissons figuré par de petis points. Le trait noir horizontal est une rivière, avec des personnages ramenant des quartiers de viande dans 8 fosses semi-circulaires. Les huttes faites de structures portables et couvertes de peau de renne s'alignent le long d'une barrière. En bas à droite se déroule une cérémonie avec un chaman (?) frappant un tambour, probablement pour fêter le succès de la chasse. Toute cette scène se passe sous le soleil radieux tout à gauche sur l'image. Ciel, mer, lac, terre, oiseaux, mammifères, poissons et humains, tous les éléments picturaux se combinent harmonieusement dans cette scène simplement magnifique. Pour des sociétés nomades suivant les migrations animales, tous ces éléments devaient s'intégrer dans une vision unique qui permettait de prendre les bonnes décisions au moment adéquat.
Mais pour vraiment appréhender la compréhension de leur environnement, il faut probablement réussir à inclure la dimension spirituelle du chamanisme, qui nous échappe largement, car elles font référence à un monde cosmolgique qui nous échappe, ou dont nous semblons avoir perdu les clés.
Comprendre le monde mental des chasseurs-pécheurs-cueilleurs II
Ce dessin sur une rame de canoé représente à gauche une scène marine et à droite une scène terrestre. Sous deux nuées d'oiseaux naviguent deux bateaux à voile, dont les chasseurs ont réussi à harponner une baleine. Sous l'eau se déplacent des phoques, des morses et des orques qui attaquent un banc de poissons figuré par de petis points. Le trait noir horizontal est une rivière, avec des personnages ramenant des quartiers de viande dans 8 fosses semi-circulaires. Les huttes faites de structures portables et couvertes de peau de renne s'alignent le long d'une barrière. En bas à droite se déroule une cérémonie avec un chaman (?) frappant un tambour, probablement pour fêter le succès de la chasse. Toute cette scène se passe sous le soleil radieux tout à gauche sur l'image. Ciel, mer, lac, terre, oiseaux, mammifères, poissons et humains, tous les éléments picturaux se combinent harmonieusement dans cette scène simplement magnifique. Pour des sociétés nomades suivant les migrations animales, tous ces éléments devaient s'intégrer dans une vision unique qui permettait de prendre les bonnes décisions au moment adéquat.
Mais pour vraiment appréhender la compréhension de leur environnement, il faut probablement réussir à inclure la dimension spirituelle du chamanisme, qui nous échappe largement, car elles font référence à un monde cosmolgique qui nous échappe, ou dont nous semblons avoir perdu les clés.
(Source: history of cartography, Maps. making, and map Use by Native North Americans, G. Malcom Lewis)
Comprendre le monde mental des chasseurs-cueilleurs III
Cette carte a été dessinée par des Amérindiens Ojibway, d'autres chasseurs-ceuilleurs qui n'auraient semble-t-il jamais développé d’industrie métallurgique à cause d'un mode de vie nomade qui rendait un tel développement inutile, même s'ils avaient des outils fait à partir de cuivre natif, une forme de gisement de cuivre pur. Cela ne les a toutefois pas conduit à une sédentarisation qui se serait caractérisé par une plus grande spécialisation des activités. Par contre leur connaissance du territoire était très fine, comme le démontre cet exemple de carte peinte sur une écorce de bouleau qui montre le chemin du lac Leech jusqu’à la vaste mer Atlantique (en passant par les rapides de Lachine à Montréal), voire l’Eurasie puisque les premiers contacts avec les colons européens avaient eu lieu. Les sociétés de chasseurs-cueilleurs dessinaient donc des cartes, mais sur des supports peu susceptibles de se conserver longtemps et de parvenir à nous. Comme toujours, absence de preuves n'est pas preuve d'absences, rien ne permet d'affirmer que les amérindiens ne cartographiaient pas les territoires qu'ils habitaient, seulement que leurs cartes ne nous sont probablement pas parvenues.
Comprendre le monde mental des chasseurs-cueilleurs III
Cette carte a été dessinée par des Amérindiens Ojibway, d'autres chasseurs-ceuilleurs qui n'auraient semble-t-il jamais développé d’industrie métallurgique à cause d'un mode de vie nomade qui rendait un tel développement inutile, même s'ils avaient des outils fait à partir de cuivre natif, une forme de gisement de cuivre pur. Cela ne les a toutefois pas conduit à une sédentarisation qui se serait caractérisé par une plus grande spécialisation des activités. Par contre leur connaissance du territoire était très fine, comme le démontre cet exemple de carte peinte sur une écorce de bouleau qui montre le chemin du lac Leech jusqu’à la vaste mer Atlantique (en passant par les rapides de Lachine à Montréal), voire l’Eurasie puisque les premiers contacts avec les colons européens avaient eu lieu. Les sociétés de chasseurs-cueilleurs dessinaient donc des cartes, mais sur des supports peu susceptibles de se conserver longtemps et de parvenir à nous. Comme toujours, absence de preuves n'est pas preuve d'absences, rien ne permet d'affirmer que les amérindiens ne cartographiaient pas les territoires qu'ils habitaient, seulement que leurs cartes ne nous sont probablement pas parvenues.
(Source: Histography of Cartography, Cartographic content of Rock Art in Southern Africa, Timm Maggs)
Comprendre le monde mental des villages néolithiques I
En Afrique, la production du fer remonte à -2'000 en République Centrafricaine, mais elle n'est apparue que bien plus tard dans la zone bantoue d’Afrique australe. Dans cet exemple de carte produite dans le Transvaal parle une société néolithique qui a comme technologie la poterie et le tissage, le travail du bois avec des outils en pierre taillée mais pas de métallurgie. Ici est reproduite une série de collines reliées entre elles par des chemins. Cette carte est intéressante car elle suggère la maîtrise d'une vision en 3 dimensions, qui sera fort utile plus tard pour chercher et puis retrouver des gisements de minerais.
Comprendre le monde mental des villages néolithiques I
En Afrique, la production du fer remonte à -2'000 en République Centrafricaine, mais elle n'est apparue que bien plus tard dans la zone bantoue d’Afrique australe. Dans cet exemple de carte produite dans le Transvaal parle une société néolithique qui a comme technologie la poterie et le tissage, le travail du bois avec des outils en pierre taillée mais pas de métallurgie. Ici est reproduite une série de collines reliées entre elles par des chemins. Cette carte est intéressante car elle suggère la maîtrise d'une vision en 3 dimensions, qui sera fort utile plus tard pour chercher et puis retrouver des gisements de minerais.
(Source: Histography of Cartography, Prehistoric cartography in Asia, Catherine Delano Smith)
Comprendre le monde mental des villages néolithiques II
Un autre exemple de carte préhistorique de société sédentarisée: des humains, des animaux, des chemins, un enclos pour les animaux, des maisons, cette carte représente des villages s’organisant juste avant que la révolution métallurgique ne passe par là.
L’image suivante sera une société sédentarisée et métallurgique, caractérisée par un espace mental totalement différent!
Comprendre le monde mental des villages néolithiques II
Un autre exemple de carte préhistorique de société sédentarisée: des humains, des animaux, des chemins, un enclos pour les animaux, des maisons, cette carte représente des villages s’organisant juste avant que la révolution métallurgique ne passe par là.
L’image suivante sera une société sédentarisée et métallurgique, caractérisée par un espace mental totalement différent!
(Source: Histography of Cartography, Prehistoric cartography in Asia, Catherine Delano Smith)
Comprendre le monde mental des villages à l'âge du bronze
Un autre exemple de carte très ancienne, datée de l’âge de bronze final. Ici se pose la question de savoir si l'effet de perspective est volontaire: les maisons en haut sont-elles plus petites car elles sont plus éloignées? Dans tous les cas, les animaux sont alignés et l’ordre (et le manque d’imagination) commencent à régner!
Comprendre le monde mental des villages à l'âge du bronze
Un autre exemple de carte très ancienne, datée de l’âge de bronze final. Ici se pose la question de savoir si l'effet de perspective est volontaire: les maisons en haut sont-elles plus petites car elles sont plus éloignées? Dans tous les cas, les animaux sont alignés et l’ordre (et le manque d’imagination) commencent à régner!
Source: wikipedia
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Il y a débat si cette carte topographique à gauche est la plus vieille du monde, elle a été dessinée à Bedolina à l’âge du fer.
Dans le Val Camonica, équivalent italien de la Vallée des Merveilles en France, il y a des milliers de gravures rupestres dont l'origine s'étale sur plus de 7'000 ans, du mésolithique (-8000 à -6000) à l’âge de fer (-1'000). Une société pour laquelle les poignards et autres armes en métal avaient une grande valeur culturelle comme illutré ci-dessous dans la reproduction d'une stèle typique. Les humains sont désormais prisonniers de la propriété privée, la terre les retient au lieu de les porter, il faudra faire face à de nouvelles angoisses existentielles. |
Regarder se dérouler trop vite l'évolution humaine
Evolution des styles : l'avantage des sites du Val Camonica est que leur histoire couvre le passage de la préhistoire à l’âge des métaux et qu'on peut donc le représenter sur une seule figure de haut en bas !
Un bel exemple d’hyperdiffusionisme, une «théorie» ethnologique qui voulait convaincre à l'époque le monde entier que tout a été inventé une seule fois par les Egyptiens, mais ceci est une autre discussion.
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Source: S. Casini et R. de Marinis, 2011, L'art rupestre préhistorique de la Valteline et du Val Camonica (Lombardie, Italie)
Il y a une transition lente mais continue des Paléolithiques qui ramassaient des coquillages et des pigments par dizaines de kilos et les sédentaires du néolithique qui passeront à la céramique puis à la métallurgie, des activités basées sur l'exploitation directe de ressources géologiques. Il reste pourtant cette curieuse vision que chaque invention n'aurait été faite qu'une fois et diffusée plus loin comme le suggère cette carte de la diffusion du cuivre natif. Le passage à une société du bronze - pour lequel il faut mélanger plusieurs métaux - puis du fer ouvre la voie au développement de sociétés sédentaires toujours plus complexes qui inventeront l'écriture, les villes, des religions monothéistes, la bureaucratie et bientôt l'argent comme seul étalon pour mesurer le monde.
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Comment les fils de Cain se représenteront elles l'espace dans lequel ils évolueront ?
Quels éléments doit contenir une carte pour refléter leurs angoisses et leurs culpabilité ?
Comment créer une carte qui permette de sentir la caresse du vent lors de notre promenade quotidienne ?
Quels éléments doit contenir une carte pour refléter leurs angoisses et leurs culpabilité ?
Comment créer une carte qui permette de sentir la caresse du vent lors de notre promenade quotidienne ?
Mais il faudra commencer par une réflexion sur le geste (carto)graphique originel, tracer un trait sur un mur. A quelle impulsion fondamentale correspond cette courbe geste, quelle angoisse couvre-t-elle, quelle joie libère-t-elle?
Le dessin originel